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5075Le site Red Pill Times a eu, le 13 novembre 2014, la riche et laborieuse idée de recenser le nombre de fois où, à en croire les autorités additionnées Kiev-OTAN-département d’État-bloc BAO-Presse-Système, – et qui oserait ne pas croire à cette masse référentielle ? – la Russie lança une invasion de l’Ukraine. (L'expression de Stealth Invasion [voir le 2 septembre 2014] doit être rappelée à cette occasion pour confirmer le sérieux du propos.) Le résultat est à la fois surréaliste et effrayant : 36 occurrences ont été déterminées. (36 en 9 mois, ce qui fait exactement 4 invasions par mois, ou une invasion par semaines, ou 0,1042 invasion par jour.) Cela laisse à penser sur l’incroyable héroïsme ukrainien, particulièrement de la direction-Kiev, laissé solitaire à son propre sort (car personne dans le bloc BAO, respectueux du droit international malgré son déchirement affectif, ne se crut autorisé à se porter à son secours comme chacun sait, et c’est bien elle qui a réalisé seule et sans aide sa magnifique révolution). Elle seule, donc, la direction-Kiev, repoussant avec un incroyable courage et une exceptionnelle habileté tactique et stratégique, les tentatives insensées, impudentes et lourdaudes de l’ours russe qui prétend reconstituer “the Evil Empire” (Reagan, 10 mars 1983) ; et encore, reconstituer “the Evil Empire”, on le sait de source sûre, pour mieux manger, à-la-Hitler, la civilisation occidentale elle-même héroïquement rassemblée à Evere (quartier-général de l’OTAN), au Berlaimont (cathédrale centrale des institutions de l’UE), à la Maison-Blanche et dans les salons parisiens (et aussi dans les déplacements intraçables du voltigeur BHL, courant d’une capitale à l’autre, sa dernière pièce cornélienne sous le coude, pour éveiller l’ardeur des peuples trompés par la propagande du KGB). Bref, l’héroïque Kiev a sauvé la civilisation occidentale exactement 36 fois en 9 mois, ce qui est sans exemple dans l’Histoire, depuis Archimède sauvant Syracuse de l’invasion romaine à Churchill sauvant le monde de l’invasion nazie.
Le texte commence ainsi, pour expliquer sa méthodologie et situer l’atmosphère de cette démentielle activité belliciste et infernale à la fois (celle des barbares de l’Est, s’entend) :
«As we approach the one year anniversary of the “Euromaidan” protests, and eventual coup of President Yanukovych, one meme has dominated the Ukraine headlines ever since, the ‘Russian military invasion of Ukraine.’
»Last week Ukraine’s Military spokesman Col. Andriy Lysenko, accused Russia of sending tanks, troops and lot’s of other stuff across the border into Ukraine, as reported by the NY Times:
»“Speaking in Kiev, the capital, Col. Andriy Lysenko, a Ukrainian military spokesman, said 32 tanks, 16 howitzers and 30 trucks hauling ammunition and fighters had crossed into the Luhansk region from Russia. He presented no clear evidence to support the claim, nor did the wealth of social media outlets in eastern Ukraine display any footage of a tank convoy. The Kiev government frequently made such claims that could not be substantiated during intense fighting between Ukrainian government troops and separatists earlier this year. Neither NATO nor the Organization for Security and Cooperation in Europe, which is monitoring a cease-fire, could confirm the report.”
»Zerohedge’s article on the newest Russian invasion into Ukraine was aptly titled, “The Ukraine Who Cried Wolf: Kiev Reports 32 Russian Tanks Cross Border, Market Completely Ignores.”
»So how many times has Ukraine, NATO, Jen Psaki and the main stream media “cried wolf?” Let’s find out. First off, doing a simple Google search for just the term, “Russian invasion of Ukraine” yields 1,350,000 results. Lots of Russian invasion stories are floating about online. Let’s get into just how many instances of ‘Russian invasions’ or near ‘Russian invasions’ have been reported this past year, starting from early days of the coup until Col. Andriy Lysenko latest ‘invasion’ announcement.
»It’s a long, long list…»
Effectivement, on dénombre 36 occurrences, chacune renvoyant, dans le texte cité, à un lien qui nous fournit toutes les informations nécessaires. On éprouve à lire ce décompte, à mesure qu’on le parcourt, comme une sorte de vertige charmant, à la fois de se trouver devant une sorte de saynète improvisée pour votre plaisir et pour meubler vos temps mort (saynète, ou «petite comédie bouffonne, à mi-chemin entre l’opérette et la chanson comique», selon Wikipédia), à la fois de découvrir la substance, de toucher au cœur cette substance d’une époque alchimiste ayant découvert le pouvoir de transformer la tragédie du monde en une bouffonnerie où plus on est de fous plus l’on s’amuse.
Plus sérieusement dit, – quoique ce qui précède est plus sérieux que cela n’en a l’air, – il est donc vrai que la politique de la crise la plus fondamentale de notre époque qui en compte pourtant beaucoup est faite par des comiques troupiers qui trouvent leurs renseignements dans les caniveaux des improvisations arrosés de whisky (celui de l’Écosse qui refuse de quitter le glorieux Royaume-Uni) ; ces renseignements enjolivés ensuite par les régiments de bardes “tendance”, nourris de la culture postmoderniste de l’art contemporain à l’image séduisante et également héroïque de l’exemplaire “plug anal” qu’on trouvait il y a peu place Vendôme, au cœur de la Ville-Lumière que tous les oligarques nous envient, avant que la chose ait été dégonflée en un fantastique pet gargantuesque et globalisant et que l'artiste-pétomane McCarthy ait pris la tangente, lui plus simplement comme un pet de lapin. Tout cela est de la même tinette, ou fosse d’aisance mobile, du modèle standard de la même époque post-post-transcendantale.
Ce qui est remarquable dans cette époque effectivement post-post-transcendantale, c’est qu’on ne s’embarrasse aucunement de mesurer, ni de constater, ni même du humer les effets des petites matières à peine malodorantes qu’on dépose à la volée, – sort of diarrhée d’intestins idéologiquement conformes, – dans les colonnes des canards de la presse-Système, pour alimenter la chronique de la narrative. La philosophie du genre se résume effectivement à ce mot, qu’on n’écrira pas à cet endroit exactement pour ne pas leur donner l’importance qu’ils n’ont pas, qui caractérise toute cette activité. La merde a, en effet, selon l’observation scientifique du sapiens courant, la consistance de la dissolution, bien au-delà de la déstructuration et qui n’est plus très loin de l’entropisation (formule dd&e) ; philosophie de la non-essence devenue non-substance, devenue matière fécale bien faite et proche de l'entropisation quasiment réalisées. Un vrai “scénar” pour Hollywood.
Quoi qu’il en soit, il nous est interdit de bouder notre plaisir d’enfin avoir trouvé, dans cette crise ukrainienne, l’événement-phare de la crise d’effondrement du Système. La crise ukrainienne est devenue sans aucun doute la référence absolue d’une époque spécifique, qui est la dernière époque des Derniers Temps. C’est la crise même du “rien”, mais ce “rien” de l’«énorme poids du rien», ce qui suggère l’essentiel : le “rien” accouchant de quelque chose d’énorme. La crise ukrainienne elle-même, qui se signale par cette sorte de “rien” (les 36 invasions russes, ou 0,1042 invasion/jour), accouchant de quelque chose d’énorme puisqu’elle est “l’événement-phare de la crise d’effondrement du Système”. La trouvaille la plus fantastique, qui dépasse de cent coudées les aventures du sympathique Philae posé en douceur sur Tchouri pour retrouver notre identité originelle et la faire enregistrer aux Nations-Unies comme substitut effectif et satisfaisant de toute ces fariboles sur le “divin” et autre “unité originelle“, est bien cette pharamineuse distance entre le “rien” qui s’impose comme “l’événement-phare de la crise d’effondrement du Système”, cet acte absolument dérisoire jusqu’à l’entropisation, et l’effet produit d’une vastitude à la hauteur de l’ébranlement final de notre super-civilisation, de notre “civilisation exceptionnaliste”, de notre Système à tous.
La crise ukrainienne, considérée dans leur narrative, pour ce qu’elle représente pour eux, est complètement archétypique des événements de notre temps, et c’est pourquoi il s’agit d’une crise haute qui est proche de la perfection. Nous ne parlons pas ici, il est temps de le préciser, de la vraie crise ukrainienne, celle où des gens meurent par milliers, principalement ceux du Donbass traités comme des “sous-hommes” par les bataillons des oligarques et figurant dans leur narrative comme non-êtres, des inexistants, des accidents inexcusables de la nature, tout comme, de même, la masse des Ukrainiens subissant le malheur d’une terre déstructurée par le Système. Pour eux, certes, le cœur se serre... Mais ce n’est pas d’eux qu’il est question ici, puisqu’il s’agit de leur narrative, celle des élites-Système et de la presse-Système, où ils n’ont pas leur place.
Avec cette narrative qui domine et régule la grande civilisation judéo-chrétienne que nous ne cessons de célébrer, la crise ukrainienne doit nous apparaître comme l’aboutissement du processus antagoniste qui caractérise nos temps communicationnels, avec les psychologie et la raison totalement subverties. Le caractère essentiel qu’engendre ce phénomène est bien que des faits les plus futiles et les plus faussaires, des affirmations les plus inconsistantes et les plus absurdes qui constituent la trame essentielle de leur narrative, surgissent tout de même et par surprise les événements les plus extraordinaires et les plus fondamentaux. Cela explique que cette époque nous apparaît si souvent comme indéchiffrable et que les élites-Système soient absolument désarmées face aux événements qui déferlent, parce qu’elles sont complètement attachées à une vision monstrueusement grossie de ces événements les plus ridiculement accessoires et bien entendu nécessairement les plus complètement faussaires qui sont la structure même de leur narrative. Voilà donc pour conclure notre propos, en attendant la 37ème invasion de l’Ukraine par la Russie.
Mis en ligne le 15 novembre 2014 à 12H14
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